Rouen: R.P.S, Non à la « prévention de comptoir !»

Dois-je commencer par dire que l’entreprise est à vendre et que nous subissons en tant que salariés depuis quelques années toutes les restrictions budgétaires, financières et sociales pour rendre la vente de l’entreprise plus attractive sur fond de crise dominante.
Pour ne pas m’écarter du sujet dont nous traitons, je ne vous rappellerai pas les bénéfices de l’entreprise Fnac et des actionnaires de PPR durant l’exercice 2010.
Les temps changent… La direction ne cesse de nous le rappeler à son avantage.

La dégradation substantielle de nos métiers par des politiques, des technologies et des techniques de management, amène la direction d’aujourd’hui à nous obliger à faire du commerce avec zèle, courage et beaucoup de bonne volonté.
En reléguant le professionnalisme de chacun à une image de façade.
Nous, élus, ne cessons de le reprocher à l’entreprise.
Nous n’accepterons plus de faire de même avec le traitement des risques psychosociaux !
Les salariés sont là pour faire leur travail , pas là pour suppléer aux élus ou aux organismes professionnels lors d’ateliers ou autres travaux, nécessitant une expertise sérieuse comme pour les RPS.

Pensez-vous qu’il suffit d’employés « triés sur le volet » qui posent une quarantaine de questions, pour arriver à déterminer avec sérieux la complexité et la prévention des RPS dans une entreprise comme la nôtre aujourd’hui ?
Même si des collègues ont travaillé à ce « document unique » avec sérieux, d’autres moins.

Nous, salariés de la Fnac de Rouen, travaillons en sous sol dans un univers ou se côtoient toutes formes d’ondes magnétiques, des écrans projetant des films à longueur de journée, des jeux vidéo souvent violents, cela accompagné par un brouhaha permanent de musique et de messages commerciaux indigestes, et les humeurs fluctuantes d’une clientèle extrêmement hétéroclite à qui nous devons nous adapter en permanence ! Heureusement que nous n’avons plus à supporter la chaleur et l’air vicié du magasin que nous avons dû supporter de 2003 à 2011. Cette ambiance générale restera banale, si nous n’en prenons pas conscience !

Pouvons-nous remercier notre ancien Directeur national M. Olivennes qui a su réduire les disquaires et libraires de la Fnac en de vulgaires « vendeurs produits éditoriaux » manutentionnaires ! « Trop élitistes vis-à-vis des clients » disait-il ! Ne subissons-nous pas au rayon produits éditoriaux, sans mot dire, les livraisons dérégulées de notre centrale d’achat que nous absorbons avec un effectif plus que relatif ? Nous rangeons des quantités astronomiques de produits opérationnels bon marché, particulièrement en vidéo, afin de faire venir les clients dans des rayons qui
sans ces offres seraient désertés. Ces quantités de produits, qui maintiennent ainsi les vendeurs la « tête dans le guidon » en permanence, faut-il encore les stocker ! Faudrait-il avoir des endroits appropriés pour les stocker ? La Fnac n’aurait-elle pas les moyens de ses ambitions ? Toutes ces questions nous usent et nous nuisent !

Je ne m’étendrai pas sur les systèmes de commande « marketplace » et « click & mag » qui génèrent un « stress » lié aux litiges des commandes clients, à la complexité des procédures et à la fiabilité de la provenance des produits, face à une clientèle, qui comme nous n’y comprend plus rien, et devient souvent intolérante face à ses interlocuteurs (vendeurs).
Les commandes « marketplace » pour les produits techniques bientôt en magasin ? Sans parler des reprises de produits d’occasions au SAV et de la commande produits électroménager via le site et récupérable en magasin ? Etc. Bel avenir !
Faut-il rappeler la concurrence injuste des prix de notre propre site vis-à-vis des magasins qui irrite en permanence les vendeurs dans leur travail journalier.
Les commissions reversées par « Fnac direct » sur les commandes de produits éditoriaux passées en magasin sont grandissantes et rémunèrent moins les magasins par rapport au ratio de temps passé avec le client : comprenez ainsi, notamment, comment notre intéressement annuel s’amenuise depuis quelques années ?

De même « l’usine à gaz » qu’est notre « variable individuelle mensuelle » qui nécessiterait un document unique à lui tout seul !
Comprendre moins pour gagner moins !
On nous impose des objectifs mensuels pratiquement sur tout les items relevant de la transversalité des métiers, et pour cela, ne faudrait-il pas changer les contrats ou ouvrir des négociations ? Que nenni, malgré les avertissements des syndicats sur le sujet, l’entreprise « fonce dans le lard ».

Aujourd’hui face aux clients, le vendeur est SEUL, pris en sandwich entre la frénésie politique, commerciale et managériale à court terme de son entreprise et la nouvelle forme de clientèle obnubilée par internet qui ne réagit plus qu’en terme de « temps » et de « prix ». Tout est bradé : les produits, nos professions et notre santé !
N’oublions pas non plus les entretiens « point mensuel d’activité», tendant à vérifier sous forme d’entretien individuel que les vendeurs encaissent bien, vendent assez de cartes adhérents et d’extension de garanties. Pressions supplémentaires assurées !
Pouvons-nous aussi oublier les briefs journaliers où l’on nous assène que nos résultats sont tellement dans le négatif, que demander une augmentation à la suite de cela en devient presque « amorale »… !
N’oublions pas non plus les hôtesses de caisses et d’accueil, pour qui les effectifs par jour sont calculés ainsi que les plannings, de manière à les faire travailler de plus en plus en flux tendu. Exemple : 2 caisses ouvertes en semaine, mais pleines comme à Noël donc : ou vont aller les clients un peu pressés ? Sur internet ou demander au vendeur le plus proche s’il veut bien encaisser. Le serpent se mord la queue, non… Perversité du système mis en place ?

Nous pouvons également évoquer la restructuration liée au SAV, les problèmes divers du stock, l’abandon du rayon « Téléphonie Fnac », le stress lié à la distribution de nos tickets restaurants, et le manque de projet constructif de notre entreprise depuis bien longtemps laissant place au grand n’importe quoi !
L’entreprise tend à « individualiser » tout ce quelle peut côté employés, afin d’annihiler toutes les formes de réticence « collective ».
La plupart des employés finit par tout accepter sans mot dire, et tout tend à se banaliser. C’est là, ou précisément, c’est grave ! Est-ce là, que commencent les risques psychosociaux ?

Certes, depuis plus de 30 ans, les risques psychosociaux n’ont pas été assez pris au sérieux par tous les partenaires sociaux privilégiant principalement la réalité des aspects salariaux plutôt que les problèmes liés au subjectif.
Les temps changent, tant mieux !
 

Les Élus CGT de la Fnac Rouen rappelle à leur direction que le « document unique » est un sujet trop sérieux pour ne pas mandater un organisme extérieur compétent et autonome. Accompagnant de ce fait, le CHSCT et le Médecin du travail dans la volonté de faire un constat plus fiable et réel des nouvelles problématiques liées aux RPS.
 

Les Élus CGT de la Fnac Rouen aimeraient que ce « document unique » soit pour les cadres aussi pertinent et sérieux que pour les employés. En espérant que le Médecin du travail ait accès aux documents, vu les événements récents qui viennent de se produire à Clermont-Ferrand, même si la Direction tend à relativiser cet événement.

« N’oublions pas, que si l’essence-même du mot « travail » veut dire souffrance. Cette souffrance est nécessaire afin d’améliorer son professionnalisme, et non pour détruire l’individu. »