
Boursicoteurs ?
Image

La mise sur la place publique en début d’année de la rémunération « annexe » (une dizaine de millions d’€) de notre président avait provoqué un léger émoi et même un geste de contrition qui a amené notre dirigeant à annoncer qu’il n’allait pas prendre tout le pognon mais l’investir en actions Fnac.
Malin, et c’est surement pour ça qu’il est à son poste de chef !
En effet, l’annonce de l’offre d’achat de DARTY par la Fnac a propulsé l’action vers des sommets avec les conséquences pécuniaires très positives que cela entraine pour les détenteurs d’actions.
Souvenez vous aussi que les plans de rémunération de la performance dont bénéficie la centaine de bienheureux ne fonctionnent pas comme des kolkhozes et qu’il y a donc une répartition très inégale de l’oseille entre eux.
Il y a donc des « pauvres » chez les riches et c’est une situation injuste qui interpelle notre organisation soucieuse de justice sociale, mais on s’en occupera plus tard.
L’autre conséquence de ce fameux plan de rémunération calé sur le cours de bourse de l’action est que son enveloppe grossit en proportion de l’évolution du titre et qu’il faut donc la provisionner dans les comptes. Aïe !
Autrement dit, l’enveloppe nécessaire pour financer « le gras » de la centaine de « nécessiteux » située dans les plus hauts niveaux de salaires a déjà commencé à bouffer le résultat avant même qu’il ne soit constitué !
Comme le dit résultat n’a été obtenu que par « la maitrise des coûts », dont vous savez ce que cela recouvre pour nous, il y a de quoi nourrir quelques inquiétudes, d’autant que question salaires, c’est l’austérité déjà annoncée pour 2016. Enfin, pour nous.
Effet collatéral des largesses auto-attribuées des « méritants de la Fnac d’en haut », la participation, calculée sur le résultat, va être essorée par les dites largesses.
Tout ça c’est la faute à l’action !
Si on résume la situation, nous payons à travers l’impôt pour le CICE dont bénéficie la Fnac, la partoche va être amputée par les « méritants » et nos salaires vont stagner en 2016.
De quoi être en colère, non ?
Alors pour faire baisser le cours de l’action et les rémunérations « annexes » qui y sont liées, un petit mouvement social de fin d’année pourrait être efficace et nous rappeler au bon souvenir de nos ogres insatiables.
Fin janvier, l’ONG OXFAM publiait un communiqué alarmant sur l’état des inégalités dans le monde, et indiquait que si rien n’était mis en œuvre pour freiner le phénomène, en 2016 le patrimoine cumulé des 1% les plus riches de la planète dépasserait celui des 99% du reste de la population.
La France n’est pas épargnée par le phénomène.
Les récentes mesures prises en faveur des entreprises, dont le CICE et les futurs effets du pacte de responsabilité qui consistent à faire financer des allègements de cotisations sociales par l’impôt ne vont pas résorber les inégalités pointées, et par ailleurs les contreparties sur l’emploi ne sont que virtuelles.
Depuis des décennies les exonérations en question se sont multipliées sans que jamais il n’ait été fait une évaluation de ces politiques publiques et que le chômage continue de grimper. Pourquoi donc ?
Les cotisations sont nos futures prestations et c’est bien l’avenir qui est compromis par ces largesses.
La Fnac bénéficie évidemment de ces cadeaux que nous finançons en qualité de contribuables.
Si nous avions pu écrire en 2014 que l’écart de rémunération dans le groupe Fnac était de 1 à 100, en plein dans le constat d’OXFAM, nous avons suggéré aux représentants de la Fnac que nous rencontrions hier dans le cadre des négociations sur les salaires de s’inscrire dans une vraie perspective éthique de réduction des inégalités en réduisant cet écart pour le ramener de 1 à 50.
C’est encore énorme, mais ça ne contraindrait personne au régime patates.
Outre que c’est une mesure qui n’engagerait aucune dépense supplémentaire (il suffît agir sur le plancher et/ou le plafond), l’énorme battage médiatique qui suivrait serait porté par notre sémillant dirigeant, nouveau héraut de la lutte contre les injustices, et serait bénéfique pour la fréquentation de la Fnac.
Sur que ça va marcher, on en frétille…