L’ère des robots ?

Résolument tournée vers l’avenir, notre société, conduite par l’équipe dirigeante gourmande de grosses rétributions et autres très généreux plans de rémunérations de la performance s’intéresse aux machines.

Rappelons quelques éléments du contexte économique : le chiffre d’affaire tend à stagner et la marge à baisser, le résultat obtenu n’a été possible que par la réduction des coûts, dont la masse salariale pour l’essentiel.

Pour maintenir un résultat qui permettra de verser à nouveau aux « happy fews » précités un peu de gras et encourager les investisseurs à se jeter sur le titre, il va donc falloir trouver autre chose, puisque les spéculateurs ne se sont pas jetés sur l’action Fnac et qu’en matière de réduction des effectifs, les limites de rupture sont déjà atteintes.

C’est là qu’interviennent les machines, des caisses automatiques, qui seront présentées comme une modernisation notable et blah blah blah…le futur quoi ! Un peu calqué sur le présent de Carrefour ou de Leroy-Merlin, entre autres…

Vous aurez rapidement compris qu’en remplaçant une femme (réalité statistique au service caisses) par un tas de ferraille et d’électronique, en demandant aux clients de faire une partie du boulot, et une fois amorti l’engin, des économies de personnel sont envisageables qui seraient de nature à permettre de maintenir le confort des « heureux élus ».

Une manière de tenter d’effacer aussi ce qui fait tache au titre de l’égalité homme/femme, puisque le service regroupe tout ce qui se fait en matière de précarité, d’absence de perspective et de différence de traitement et que les machines ne sont pas sexuées.

Nous risquons donc d’observer une recrudescence de licenciements disciplinaires pour faire de la place aux robots si le « turnover naturel » ne suffit pas.

« Serrez les fesses », mesdames, comme dirait un de nos camarades mal éduqué.

Autre sujet de satisfaction, les automates ne sont pas malades et ne partent pas pour des congés maternité, du moins pour l’instant.

Pour les arrêts de travail pour maladie des vivants, ceux-ci sont d’ailleurs en augmentation sérieuse et touchent aussi la population cadre/AM, au point que notre régime de prévoyance s’en trouve largement déséquilibré.

La négociation d’une évolution des cotisations doit intervenir sous peu, et puisque nous sommes presque dans la science fiction, imaginons que la direction de la Fnac, consciente de la responsabilité qu’elle porte sur la fréquence de survenue des arrêts maladie en raison des conditions de travail qu’elle impose, et accablée de remords, va décider de prendre à sa charge tout le poids de cette augmentation…

Ça pourrait arriver ?

Votre santé m’intéresse…

Enfin, plutôt le pognon qu’il est possible de faire avec, et les assureurs en sont gourmands.

Pour la Fnac, c’est un peu différent mais guère plus reluisant, la santé on s’en fout ça ne fait pas bander les investisseurs ou les actionnaires.

Notre système de santé et de prévoyance a été dénoncé par la Fnac et une nouvelle négociation sur le sujet est ouverte. (L’accord datait pourtant de janvier 2012 seulement)

La Fnac a lancé un appel d’offres auprès de plusieurs assureurs pour les faire concourir, mais en gardant comme conseil la société AON, notre prestataire précédent, celui qui facture plus d’un million d’€ par an pour la gestion des dossiers, ce qui ne remet pas en cause la qualité de la prestation.

C’est juste étonnant dans le sens où, l’accord prévoyait que la dénonciation devait viser tant l’assureur que le prestataire.

Pas d’explication convaincante à ce sujet pourtant. Ça nous titille…

La surprise c’est que ce sont les mêmes qui ont remporté le marché ! Ils sont vraiment bons !

Autre sujet d’étonnement du même acabit, l’appel d’offre a été réalisé en écartant la « commission santé prévoyance » dont c’est un des rôles, ce qui a conduit le Fnac à modeler à sa guise les contours de notre future couverture. La commission n’a jamais été mise en mesure « d’auditer » les candidats.

Ce serait un système à deux vitesses, une version de base plus chère qu’aujourd’hui et avec des prestations en baisse, ou une version « luxe » qui correspond à notre couverture actuelle mais dont la différence de cout entre les deux ne serait plus supportée que par les cotisations des salariés volontaires.

Inutile de préciser que personne n’adhère au projet.

L’ouverture de la négociation nous a donné un avant gout de ce qu’était la volonté de la Fnac, les propositions sont au minimum, en réduction très sensible de sa participation actuelle.

Nous avions déjà parlé de ces mesures dans un tract en avril 2013 qui reprenait des éléments de langage destinés aux investisseurs : «…. La réduction des coûts salariaux, au travers de la baisse des effectifs, de la renégociation des avantages sociaux et d’une politique de modération salariale… »,… Les succès enregistrés en matière de réduction de coûts se poursuivront au cours des prochaines années avec la mise en place d’un nouveau programme de réduction de coûts, de 85 millions d’euros, dont la réalisation est prévue sur la période 2013 – 2014. »

Voilà ce que projetait la Fnac malgré son démenti d’alors.

C’est, selon une approche rapidement faite, une somme d’environ 2 millions d’€ que la Fnac entend économiser sur le dos de la santé des salariés dans le cadre de cette renégociation..

En oubliant au passage sa responsabilité dans le déficit structurel de notre complémentaire, la politique de recrutement à temps partiel mise en œuvre a pour conséquence de déséquilibrer le montant des cotisations, comme nous l’avons déjà écrit, les temps partiels cotisent selon leur salaire mais consomment selon leurs besoins, pas de « demie maladie » !

A la Fnac d’assumer aussi les conséquences de ses choix !

A se demander si ce cirque n’était pas qu’un prétexte pour opérer le transfert de charge sur les salariés.

La chasse est ouverte…

Vous n’allez pas bien, vous êtes fébrile, vous souffrez de mal de dos, de tendinite ou d’autres maux, eh bien oui, car aussi bien le travail peut être source d’épanouissement, qu’il peut être générateur de souffrance.

Alors dans ce cas présent, vous consultez votre médecin traitant, celui qui vous connaît bien, qui sait de quelle pathologie vous souffrez.

Un jour donc, vous êtes arrêté pour quelques jours et votre employeur vous fait contrôler.

Pourquoi pas si vraiment l’arrêt semble être de complaisance!

Encore qu’aujourd’hui, les médecins sont tenus à ne délivrer d’arrêt, que lorsque l’état de santé du patient le justifie.

Pour la Fnac, comme le contrôle des salariés ne lui permet pas d’étayer sa thèse des « tires au flanc avérés», il lui faut rebondir et reprendre l’avantage .

Elle vient donc d’éditer un document au titre accrocheur mais non moins déplacé ,100% clients, 100% présents, dans lequel sont pointés du doigt les salariés arrêtés en opposition aux autres, comme communication contre productive on ne fait pas mieux!

Au lieu de stigmatiser des salariés de la manière la plus vile qui soit, la Direction de la Fnac « ô combien sociale, » aurait mieux à faire en allant gratter les problèmes de fond!

Puisque notre santé physique et mentale semble la préoccuper au premier chef, voici quelques questions auxquelles les IRP (Instances Représentatives du Personnel) de l’entreprise aimeraient que la Direction y remédie favorablement, au lieu de fuir face àses responsabilités.

Pourquoi continuez vous à exercer des pressions sur les vendeurs produits techniques relatives à la vente de garanties, d’extensions ainsi qu’à l’encaissement?

Pourquoi ne fournissez-vous pas aux salariés des outils de manutention adaptés à la manipulation de charges lourdes et encombrantes?

Pourquoi avez-vous instauré le VIM contre l’avis unanime des organisations syndicales, alors que cette prime participe à la destruction de la cohésion et de la solidarité à l’intérieur des équipes?

Pourquoi persistez-vous à rémunérer majoritairement les employés sur une grille maintenue juste au-dessus du niveau du SMIC?

Pourquoi persistez-vous à négocier à minima quel que soit l’item?

Pourquoi avez-vous unilatéralement décidé de rogner aux salariés la possibilité d’acquérir les 2 jours de fractionnement liés à la pose des congés payés?

Pourquoi une fois de plus unilatéralement, imposez-vous les modalités de la journée de solidarité?

Ainsi pourrait s’allonger la liste de toutes les questions sur les manquements auxquels les dirigeants de la Fnac se sont livrés durant toutes ces années.

N’avaient-ils pas toutes les cartes en mains et surtout les moyens financiers pour améliorer le quotidien des salariés et leur redonner l’envie de s’investir dans l’entreprise?

Au lieu de cela, la nouvelle Direction de la Fnac n’a d’autre intention que de stigmatiser les salariés, qui, parce qu’ils sont meurtris psychologiquement, physiquement, n’ont comme seul recours que l’arrêt de travail, afin de pouvoir récupérer et retrouver une santé à peu près normale.

L’arrivée de cette Direction Générale pouvait laisser supposer un instant qu’un nouvel espace de dialogue était possible, mais l’exemple de simulacre de négociation qu’a été celle sur la prime de partage des profits, nous a très vite fait redescendre les pieds sur terre.

« Le déni de dialogue adhère à la l’enseigne Fnac comme la glaise aux baskets ».

Dans un moment de lucidité, il faudrait que les dirigeants de la Fnac admettent que leur stratégie a du plomb dans l’aile, qu’ils ont attisé les rancœurs, et qu’il serait de bon aloi qu’ils fassent table rase d’un passif antisocial, dont ils ont su si jalousement préserver la recette!!!