Des nouvelles du siege et d’ailleurs

Bonne année à tous même si elle risque d’être un peu rude, on vous livre quelques « pépites » en direct de la »Fnac d’en haut »

OPERATION PHENIX

Titre du prochain James Bond ? Pas du tout ! Simplement le nom de code donné pour la mise en bourse de la Fnac. Coté symbolique, nos big boss ont la main lourde.. De ses cendres la Fnac renaîtrait grâce à son introduction sur les marchés financiers …..

Depuis l’annonce de la déconsolidation des comptes de la Fnac du groupe PPR, l’action PPR a rebondi et retrouvé des couleurs. C’était avant tout le premier objectif.

Au-delà des éléments techniques et du planning de l’opération, les informations données aux élus du CE de Fnac SA sont assez succinctes. Les différents scénarii économiques envisagés par la direction pour permettre à l’enseigne de poursuivre son développement de manière autonome restent floues et très optimistes. Si d’un point de vue rhétorique, l’opération n’a « aucun impact sur l’organisation et les effectifs de l’enseigne », les objectifs de modération salariale et de gains de productivité se lisent pourtant bien dans les scénarii d’avenir présentés.  

PPR via Artémis s’engagerait à rester pendant 18 à 24 mois l’actionnaire majeur. Après, une fenêtre sur l’inconnu s’ouvre pour la Fnac avec des risques d’instabilité liés à de nouveaux actionnaires. Les contraintes liées à la cotation en bourse sont nombreuses, coûteuses et  les exigences financières à court terme des marchés ne sont pas toujours compatibles avec le long terme et les priorités des stratégies d’entreprises.

Rappelons que dans la légende pour renaître de ses cendres l’oiseau Phenix doit d’abord se consumer. Espérons que la Fnac ne suive pas à la lettre ce scénario. Ce n’est pas gagné avec les équipes dirigeantes que l’on a, voir chapitre ci-dessous.

AUBERVILLIERS

Après l’avoir « suicidé », la direction fait renaître le magasin d’Aubervilliers. Condamnée pour avoir fermé trop rapidement et sous astreinte de 20 000 euros par infraction, le magasin a ré ouvert.

Les élus au moment de l’annonce de la fermeture (septembre) avaient pourtant demandé s’il n’était pas plus judicieux d’attendre la fin de l’année et bénéficier au moins du CA du mois de décembre. Refus des cadors de la direction, il fallait frapper vite. A l’arrache les équipes ont fermé le magasin. Deux mois plus tard toujours à l’arrache, les mêmes équipes ont été mobilisées pour ré ouvrir.

Pour le moment, sans parler de l’image déplorable montrée à l’extérieur, on ne connait pas le coût global de cette affaire. Il risque néanmoins d’atteindre plusieurs centaines de milliers d’euros. Par les temps qui courent, de gel des salaires et de recherche de la moindre économie,  la décision prise par la direction frise l’incompétence.  

D’ailleurs, si cette même direction depuis son arrivée est prompte à virer le premier salarié pour le moindre écart, force est de constater que la responsabilité de ce fiasco est tombée dans le grand trou noir « c’est la faute à pas de chance ».

P.S.E.

Après plusieurs mois, le plan social arrivera bientôt à son terme. Au 30 juin, après les départs naturels du premier semestre et les accords signés avec la direction qui avaient permis de sauver 10 postes, le solde net de suppressions de postes était de 51 postes.

Au cours de l’été, 39 salariés ont « choisi » le départ volontaire, 4 dossiers ont été retraités ou annulés, 6 ont bénéficié de mobilité interne dont 2 grâce à des volontaires de niveau 2 et il reste aujourd’hui 2 collègues dans une situation très délicate avec un risque de licenciement.

La commission paritaire qui a suivi les dossiers des salariés a constaté des erreurs de traitement qui ont pénalisé 2 salariés. La complexité des différentes phases du PSE est en partie responsable.

Maintenant les organisations cibles 2012 se mettent en place tant bien que mal. La direction avait promis des améliorations de process, des abandons de tâches,… Pour le moment, les services impactés comblent les trous en embauchant à tour de bras CDD et stagiaires. La précarité d’emploi se généralise et s’amplifie.

 

FLAGRANT DELIT

Dans la foulée du PSE  de Fnac SA, la direction poursuit les réductions de coûts chez France Billet et Fnac Voyages. A chaque fois, 9 suppressions de postes et pas 10 pour éviter la mise en place d’un PSE. Les collègues de ces filiales opposés à ces réorganisations pour des motifs propres à ces entités, le sont d’autant plus que les mesures sociales de reclassements ou de départs sont bien inférieures  aux conditions du PSE de Fnac SA.

On peut faire partie du Groupe Fnac, être dans le même immeuble, voir le même étage, sans pour autant bénéficier d’un traitement identique. L’explication de la direction : il s’agit de structures juridiques différentes qui justifient ces écarts. Selon le sujet et quand cela l’arrange financièrement, le périmètre du groupe Fnac devient très élastique et de fait particulièrement  injuste pour les salariés concernés.

PSP, un nouveau jeu

Pas vraiment issu des univers Kids, c’est le  nouveau jouet qu’aimerait utiliser la Fnac, un peu comme une console avec un drôle de jeu d’arcades, réservé aux adultes,  et dont le but serait « d’éliminer » des salariés potentiellement surnuméraires, amis séniors, bienvenue dans ce nouveau monde éminemment dangereux!

C’est un peu le sens du « volet externe » prévu à l’accord de GPEC (Gestion Prévisionnelle des Emplois et Compétences, un Plan Social Permanent(PSP) que la Fnac va proposer à la signature des syndicats.

 

Ce PSP, c’est aussi, « à la louche », ce que prévoit au titre des mesures de reclassement externe le plan social qui vient d’être suspendu par la Cour d’Appel de Paris.

Des ajustements au fil de l’eau, des procédures de gré à gré avec les salariés se terminant par une « rupture d’un commun accord », genre licenciement à l’amiable.

Lesquels salariés, dont les conditions de travail empirent et éventuellement mis sous pression pourraient être enclins à accepter un départ assorti d’une petite indemnité.

 

Nous avons connu des Ets où il était « suggéré » à des collègues de solliciter une baisse de qualification assortie d’une baisse du salaire avec des arguments suffisamment convaincants pour qu’ils s’exécutent, ou des cadres à qui l’on annonçait qu’ils « n’avaient plus d’avenir à la Fnac » et c’était avant le PSE.

 

Le PSE a l’avantage de faire « une charrette » et donc de tailler brutalement dans la masse, du quantitatif comme on dit chez les managers.

Mais, au titre des inconvénients liés au PSE, outre sa lourdeur, la Fnac doit compter sur des représentants du personnel et des syndicats capables de contester un Plan Social, nous venons de le vivre.

 

Autre inconvénient pour la boite, et non des moindres, c’est que le Code du Travail prévoit des critères pour l’ordre des licenciements, notamment l’ancienneté, l’âge et le handicap et que le législateur a entendu protéger ces catégories plus fragiles.

 

De sorte que, en poussant le raisonnement un peu trop loin, au terme de plusieurs PSE et d’un éventuel nouveau recul de l’âge de départ en retraite, la Fnac ne serait plus peuplée que de « vieux vendeurs » accrochés à leurs déambulateurs et régulièrement sollicités par la pression physiologique…on vous épargne le couplet sur les couches « Confiance ».

 

Pas vraiment le tableau idyllique en terme d’image pour vendre du « High Tech »,  tout le monde l’aura compris, surtout nos dirigeants.

 

Le volet « départ externe » inséré dans la GPEC, qualitatif lui, cache donc à notre sens et très pudiquement une espèce de « gérontophobie » difficile à assumer en ces temps de promotion de la diversité et tout le bazar…outre le fait qu’existe un accord « séniors ».

 

Avec un tel instrument, c’est donc en toute discrétion que serait mené le rajeunissement d’une population qui a du mal à soulever des bacs à longueur de journée et à râler, parce que c’est bien connu, le vieux est un peu acariâtre.

 

Comme nous avons contesté le PSE, il nous semblerait pour le moins incongru d’en accepter en douce certaines des modalités au titre d’une GPEC et de renoncer par là même à toute résistance collective.

Le PSE est suspendu par la cour d’appel

Les magistrats de la Cour d’Appel de Paris qui avaient à juger des demandes de suspension du PSE formulées par les CHSCT et les syndicats CGT, SUD, CGC nous ont entendus.

C’est le sens de la décision tombée hier.

Ils considèrent qu’en l’état, et c’est ce qui les conduit à suspendre le plan social, la Fnac ne satisfait pas à son obligation de sécurité de résultat.

En cause, les transferts de charges issus de la réorganisation qui ne sont pas sérieusement évalués et font donc peser des risques psychosociaux sur la population restante après le plan social.

La Fnac devra donc faire mieux en cette matière, mais en attendant la réouverture des débats fixée au 07 mars, elle ne peut poursuivre son plan et donc licencier.

A la lecture de l’arrêt de la Cour d’Appel, nous pourrions résumer la circonstance à cette affirmation :

Les magistrats semblent plus soucieux de préserver la santé des salariés de la Fnac Relais que les tenants du plan social « organisation 2012 ».

 

Au-delà de l’ironie cruelle qu’emporte la décision pour les tenants du PSE, c’est en premier lieu de la population des directeurs et cadres des établissements que nous attendons des remerciements. En effet les charges transférées au terme du PSE les auraient fait marner davantage et de manières plus diverses mais dans un même « forfait jours » et alors que la pression sur les résultats économiques se fait croissante.

Parmi la population des employés, on comprend vite que certaines de ces charges descendront sur nous aussi en cascade  au moment où nous  connaissons les pires conditions de travail.

 

Rappelons que la suppression des postes de RH en magasin va tendre davantage la situation entre des cadres dirigeants peu formés aux RH et plus pressés par les résultats et des représentants du personnel davantage sollicités.

Rappelons aussi, et les juges le soulignent, que lors de l’évaluation des RPS de la population des cadres, dans les facteurs de stress identifiés figuraient déjà la charge de travail, le rythme et la cadence des taches et leur gestions simultanées.

Et l’étude date de 2010, finalement « moins pire » situation qu’aujourd’hui.

Enfin, c’est avec une certaine malice que la Cour d’Appel note que la charte PPR du 27//07/210 fait obligation aux sociétés du groupe de faire appel à des professionnels de la santé pour l’évaluation des RPS, les fameux « sages » qui ont mené la chose sur Relais ne l’étaient absolument pas malgré une certaine bonne volonté, nous avions déjà critiqué la méthode légère sur la forme et sur le fond.

 

Nous pourrions traduire par : un peu de sérieux !